C’est souvent une expérience profondément émotionnelle, surtout d’un point de vue psychologique. Cependant, dans certaines situations, cela reste le moyen le plus efficace pour soulager une douleur oculaire chronique ou traiter de grosses tumeurs de l’œil.

La bonne nouvelle est que la récupération est généralement simple, avec un suivi post-opératoire minimal. La plupart des patients retrouvent une qualité de vie confortable et satisfaisante.

Les préoccupations concernant l’apparence physique sont parfaitement compréhensibles — et les progrès modernes en matière de prothèses oculaires et d’épithèses offrent désormais d’excellents résultats esthétiques. Dans la plupart des cas, le résultat esthétique est très rassurant.

Dans les sections suivantes, apprenez comment prendre soin de votre zone orbitale et de votre œil artificiel après l’intervention.

Vivre avec un seul œil comporte plusieurs défis particuliers, quelle que soit la cause sous-jacente (tumeur, traumatisme, infarctus rétinien, décollement, glaucome, etc.).

La plupart des patients ressentent initialement une certaine maladresse dans les tâches quotidiennes, comme renverser de l’eau à côté du verre. Une prudence accrue est recommandée pour des activités comme descendre les escaliers durant les premiers jours. Cette maladresse s’améliore progressivement à mesure que le cerveau s’adapte à recevoir l’information visuelle d’un seul œil. Les patients déjà aveugles d’un œil avant l’énucléation trouvent généralement cela moins gênant, car ils ont eu le temps de s’adapter.

Dans les premiers mois après l’intervention, une fatigue oculaire peut se développer dans l’œil sain. Cela est généralement temporaire. Si l’œil sain présente une cataracte préexistante, une chirurgie précoce de la cataracte peut être nécessaire en raison des exigences visuelles accrues.

Comme pour tout patient monoculaire, une protection supplémentaire de l’œil sain est essentielle : éviter les sports à risque comme le squash ou la boxe et porter des lunettes de protection lors d’activités telles que le jardinage ou le bricolage. Un suivi ophtalmologique annuel est crucial pour surveiller à la fois l’œil sain et le site opéré.

Puis-je conduire ?

Oui, la conduite est possible tant que votre œil restant ne présente pas de perte d’acuité visuelle significative ou de défauts avancés du champ visuel. Cependant, votre vision périphérique ne sera plus la même : vous ne pourrez plus voir à gauche ou à droite aussi facilement sans tourner la tête. Par exemple, si votre œil gauche a été retiré, il est fortement recommandé de tourner complètement la tête vers la gauche avant de prendre un virage à gauche, afin de réduire au maximum votre angle mort. Cela fait partie de ce que l’on appelle votre champ visuel. Beaucoup de personnes sont surprises d’apprendre que le « champ visuel binoculaire » (avec les deux yeux ouverts) chez les patients avec un seul œil sain est souvent excellent – et dans certains cas, comparable à celui des personnes avec deux yeux. Cela est dû à la remarquable capacité d’adaptation du cerveau après la chirurgie.

Cela dit, la conduite n’est autorisée qu’après avoir obtenu l’autorisation médicale de la commission médicale locale pour le permis de conduire. En France, cela est régi par le décret du 28 mars 2022, qui précise les conditions médicales pouvant être incompatibles avec la détention d’un permis de conduire ou pouvant nécessiter un permis à durée limitée.

Puis-je nager ?

Oui, la prothèse oculaire ou l’épithèse peut être en contact avec l’eau de mer ou l’eau de la piscine. De manière générale, il n’y a pas de contre-indication pour un patient portant une prothèse oculaire ou une épithèse.

Puis-je me maquiller ?

Oui, si vous avez une prothèse oculaire : vous pouvez appliquer du maquillage une fois la prothèse en place. Les sécrétions peuvent parfois faire couler le maquillage. Vous pouvez utiliser des cotons-tiges pour retirer les sécrétions dans ce cas.

Pas toujours dans le cas d’une épithèse, mais le maquillage peut être appliqué directement sur l’épithèse.

Je vois alors que mon œil a été retiré. Comment est-ce possible ?

Il peut s’agir de visions fantômes. Comme pour les membres fantômes après amputation, certains patients (un quart à un tiers) peuvent expérimenter le syndrome de l’œil fantôme. Les visions fantômes peuvent être très surprenantes pour les patients. Elles peuvent correspondre à des formes (points noirs, éclairs) ou à des images plus élaborées (paysage, visage). L’obscurité et la fatigue sont des facteurs déclencheurs. Une fois identifiées et diagnostiquées, les visions fantômes sont souvent vécues positivement par les patients. Elles sont rarement gênantes et tendent à diminuer et disparaître avec le temps.

Puis-je passer une IRM ?

Oui, vous pouvez passer une IRM. L’implant intra-orbitaire et la prothèse ou épithèse oculaire de surface ne sont pas ferromagnétiques et ne présentent aucune contre-indication.

Vais-je faire sonner le portique de l’aéroport ?

Non, vous ne ferez pas sonner le portique de l’aéroport pour les mêmes raisons.