Le carcinome conjonctival est une tumeur conjonctivale maligne développée à partir de cellules de l’épithélium conjonctival. Ces cellules sont naturellement présentes sur une structure appelée membrane basale et peuvent accumuler des anomalies avec le temps. Dans un premier temps, lors de leur transformation en cellules cancéreuses, leur prolifération va se limiter à l’épithélium : on parlera de dysplasie épithéliale conjonctivale jusqu’au stade de carcinome in situ conjonctival.

Continuum entre dysplasie épithéliale et carcinome in situ

Dans un deuxième temps, cette prolifération va franchir la membrane basale pour atteindre le chorion et permettre aux cellules de migrer en dehors de la conjonctive (pour faire des métastases) : on parlera de carcinome épidermoïde conjonctival invasif. Certaines cellules tumorales peuvent également évoluer vers une forme particulière, plus agressive : on parlera de carcinome adénosquameux conjonctival invasif.

Carcinome épidermoïde conjonctival et carcinome adénosquameux conjonctival

L’exposition chronique au rayonnement ultraviolet (UV) B est le facteur causal environnemental le plus important dans la survenue des tumeurs épithéliales malignes. En supprimant localement l'immunité à médiation cellulaire, les UVB potentialisent également d’autres facteurs de risque tels l’immunodépression (due à une infection par le virus de l'immunodéficience humaine ou à un traitement immunosuppresseur après une transplantation d'organe) ou l'effet des virus oncogènes tels que le papillomavirus humain (HPV).

Les tumeurs conjonctivales malignes ont des caractéristiques cliniques communes, ce qui explique pourquoi il est important de procéder à leur analyse après exérèse pour les différencier. Globalement, leur aspect est variable :

  • gélatineux, plan et translucide (très fréquent en cas d'atteinte cornéenne) ou en relief
  • papillomateux plus ou moins en relief
  • leucoplasique avec une plaque de kératine en surface
Présentations cliniques des carcinomes et dysplasies

Le premier temps du traitement comprend l’exérèse chirurgicale qui permettra d’identifier le type précis de tumeur. Néanmoins, même en cas d’obtention de marges saines d’exérèse, il est nécessaire de proposer un traitement complémentaire (adjuvant).

En cas de dysplasie sévère ou de carcinome in situ, on propose habituellement une chimiothérapie topique.

En cas d’atteinte plus avancée (carcinome épidermoïde invasif ou carcinome adénosquameux invasif), une radiothérapie est nécessaire pour limiter le risque de récidive locale.

Sur le plan ophtalmologique, la surveillance sera précisée par l’onco-ophtalmologue référent mais celle-ci doit être prolongée car des récidives locales sont possibles, même après 5 ans à compter du traitement initial.

Sur le plan général, la présence d’une infiltration du chorion (carcinome épidermoïde invasif et carcinome adénosquameux invasif) rend possible la survenue de métastases. Celles-ci peuvent apparaitre dans les territoires de drainage de la conjonctive (dissémination lymphatique), à savoir les ganglions de la face et du cou. Une imagerie cervico-faciale (généralement une échographie) du même côté que l’œil atteint est indispensable pendant 5 ans pour identifier rapidement l’apparition de métastases ganglionnaires qui nécessiteront un traitement spécifique (chirurgie +/- radiothérapie). Le risque métastatique reste dans l’absolu faible bien qu’il dépende du stade initial de la tumeur.

Drainage lymphatique